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Comment l’épidémie de Covid-19 redéfinit les tendances automobiles

Comment L’épidémie De Covid-19 Redéfinit Les Tendances Automobiles

La pandémie de Covid-19 a perturbé de nombreuses industries. Le secteur automobile a été particulièrement touché par des fermetures de plusieurs mois d’usines d’assemblage de voitures, une interruption des chaînes d’approvisionnement internationales, une surcharge des stocks chez les fournisseurs et un arrêt complet de la distribution de véhicules.

Sans surprise, 2020 marquera un ralentissement prolongé des ventes et de la production de voitures. Les experts prévoient une baisse considérable de jusqu’à 19 millions de voitures ou 21% de la production automobile par rapport à 2019. L’industrie ne devrait pas se redresser dans les deux prochaines années.

Cependant, la crise sanitaire mondiale aura un impact encore plus important sur l’industrie automobile à long terme.

Alors que les constructeurs automobiles luttent avec des coûts fixes élevés et des revenus minimes, les plans d’investissement liés aux tendances automobiles de long terme telles que la mobilité électrique et la conduite autonome sont revus et profondément ajustés.

De plus, avec la demande en hausse pour les transports privés et les achats en ligne pour éviter d’être infectés, les modèles de consommation et de distribution évoluent également, amorçant de nouvelles tendances automobiles.

Le Covid-19 booste la mobilité électrique

La recherche post-confinement en Chine montre que les gens, en particulier les jeunes et les citadins, sont préoccupés par l’utilisation des transports en commun. Pour éviter d’être infectés, ils préfèrent désormais se déplacer en voiture privée, à vélo ou simplement à pied.

En Europe, ces nouveaux acheteurs de voitures envisageront probablement des véhicules à faibles émissions, poussés par des normes d’émissions européennes plus strictes qui sont entrées en vigueur plus tôt cette année.

En fait, malgré la baisse globale des immatriculations de voitures particulières, le segment des véhicules électriques rechargeables a considérablement augmenté sa part de marché dans l’UE, passant à 6,8% (contre 2,5% au premier trimestre 2019) au premier trimestre 2020.

D’ailleurs, de généreuses incitations gouvernementales ont permis à de nombreux ménages d’acheter des véhicules électriques plus chers qui leur étaient auparavant hors de portée.

Prenons un exemple. La France a mis en place un système de double bonus disponible à partir du 1er juin. Ce système permet à un acheteur qui remet une vieille voiture pour un nouveau VE de se faire rembourser jusqu’à 12 000 euros. En un mois seulement, la France a enregistré des ventes record de véhicules électriques et hybrides avec une augmentation considérable de + 231% par rapport à juin 2019.

Selon le Responsable du Transport Avancé de Bloomberg NEF Colin McKerracher, « l’adoption des VE va probablement continuer d’augmenter ». Cependant, le taux d’adoption variera largement entre les différentes régions.

Le rapport de Bloomberg NEF prédit que les ventes de voitures particulières électriques diminueront aux États-Unis à 1,7% en 2021. Entre-temps, le secteur augmentera en Chine et en Europe à 8,1% et 5% grâce à diverses incitations financières et aux dépenses d’infrastructure.

Environ 450 nouveaux modèles de véhicules électriques seront lancés dans le monde avant 2022. Les dix principaux marchés de pénétration des véhicules électriques étant en Europe, aucun constructeur européen n’a jusqu’à présent modifié ses plans de déploiement de modèles de véhicules électriques.

L’épidémie de Covid-19 n’a pas empêché le Groupe PSA de lancer Citroën Ami, une voiture 100% électrique sans permis. Au total, le groupe a lancé 13 nouveaux modèles électrifiés sur le marché au premier semestre 2020.

Le PDG de VW, Håkan Samuelsson, estime également que la pandémie accélérera le passage à la mobilité électrique. Lors de la conférence numérique mondiale du Financial Times, il a déclaré : «Je pense qu’il serait naïf de croire qu’après quelques mois, tout reviendra à la normale et nos clients reviendront dans une salle d’exposition pour demander des voitures diesel. Ils demanderont encore plus pour de voitures électriques ».

La pandémie nuira à la conduit autonome (à court terme)

La conduite autonome est aujourd’hui l’une des principales tendances automobiles. Tous les grands constructeurs automobiles et entreprises technologiques comme Alphabet, Waymo et Uber Technologies ont déjà investi des milliards des dollars dans des solutions de conduite autonome.

Plus tôt en juillet, Elon Musk, PDG de Tesla, a déclaré que son entreprise était « très proche » d’atteindre la technologie de conduite autonome de niveau 5.

Néanmoins, de nombreuses grandes entreprises automobiles ont décidé de retarder les investissements dans les technologies de conduite autonome car les risques de concurrence sont faibles mais les coûts sont élevés par rapport à la mobilité électrique.

«Si vous retardez de six mois les investissements dans les solutions de niveau 4 et de niveau 5 de conduit autonome, vous n’avez pas perdu le marché, car ce marché n’émergera que dans 10 ans», déclare le directeur financier de Continental Wolfgang Schaefer.

Les start-ups et les entreprises de taille moyenne spécialisées dans les technologies de conduite autonome n’ont pas eu cette chance.

Avec des revenus presque nuls et des coûts d’exploitation inhabituellement élevés (1,6 million de dollars par mois en moyenne), les start-ups de véhicules autonomes ont eu du mal à rester à flot. Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, une entreprise de voitures autonomes a cessé ses activités, une autre est à vendre et quatre ont licencié des employés.

Les start-ups qui ont réussi à survivre ont dû retarder leurs recherches de plusieurs mois en raison des ralentissements de la chaîne d’approvisionnement et des mesures de prévention des coronavirus. Waymo a perdu des mois de tests autonomes en raison de règles de distanciation sociale qui interdisent les deux pilotes de sécurité habituels.

Les solutions de conduite autonome sont beaucoup trop complexes et coûteuses pour être utilisées dans des véhicules privés. C’est pourquoi de nombreuses entreprises se sont tournées vers le développement des robotaxis et d’autres options de mobilité partagée avant même la pandémie.

Toutefois, comme les gens ont maintenant des inquiétudes d’hygiène élevées, la mobilité partagée ne semble pas être une option aussi attrayante. Les premières applications pour les véhicules autonomes seront probablement pour les marchandises plutôt que vers des personnes, en particulier avec une demande croissante pour les achats en ligne.

En effet, aidés par la peur du contact humains, les services de livraisons autonomes ont fleuri pendant les premiers mois de la pandémie en Chine. Les livraisons sans contact de Meituan envoient des robots pour transférer les courses à Pékin. JD Logistics a utilisé des coursiers robotisés pour livrer des fournitures médicales à un des principaux hôpitaux de Wuhan.

En raison de la complexité technologique, des coûts d’exploitation énormes, des limites des tests et des investissements retardés, il n’y aura probablement pas de grande avancée dans la mobilité autonome au cours des prochaines années.

Tendances automobiles émergentes apportées par le Covid-19

L’un des changements récents les moins attendus dans le secteur de l’automobile concerne les concessionnaires. Les ventes de voitures en ligne qui semblaient si irréalistes il y a six mois sont en plein essor.

Alors que de nombreux concessionnaires restent fermés ou sont limités dans le nombre de visiteurs qu’ils peuvent accueillir, les constructeurs automobiles renforcent leurs propres plates-formes de e-commerce. Les plus férus d’Internet proposent des visites virtuelles en voiture, la personnalisation en ligne de l’équipement du véhicule et la livraison à domicile ou sans contact.

La numérisation des ventes est une tendance émergente dans l’automobile qui peut apporter de nombreux avantages aux constructeurs automobiles. Parmi eux, il y a la simplification de la chaîne d’approvisionnement et, par conséquent, la réduction des coûts. En outre, partager les données des consommateurs avec les constructeurs automobiles peut conduire à des offres plus personnalisées, des innovations et une augmentation des ventes. Heureusement, il existe de nombreuses industries desquelles l’industrie automobile peut s’inspirer pour développer le e-commerce.

Le Covid-19 redéfinit également le fonctionnement de l’industrie automobile.

Les ingénieurs et les employés de bureau sont obligés de travailler à domicile. Cela protège non seulement mieux la santé des employés, mais réduit également les coûts fixes liés à la location des bureaux et au transport.

Le Groupe PSA a récemment présenté ses nouveaux principes de méthodes de travail permettant à 80 000 de ses 200 000 collaborateurs dans le monde de travailler à distance. Mercedes a ordonné à son personnel du siège américain de travailler de chez eux jusqu’à la fin de l’année.

De plus, les usines de production et d’assemblage sont réorganisées pour assurer une distanciation sociale entre les travailleurs. De nouvelles procédures d’hygiène sont mises en place permettant une désinfection régulière des équipements entre les quarts de travail.

De tels changements conduisent directement à des pertes de productivité (environ 12%) qui peuvent ne pas sembler significatives aujourd’hui car la demande diminue, mais qui peuvent devenir problématiques dans un an ou deux.

Résumé

L’avenir est incertain. Les entreprises automobiles fortement touchées par la pandémie se rétablissent lentement mais hésitent à faire des prédictions.

L’examen de l’évolution des tendances automobiles mondiales nous donne des indices sur l’évolution de l’industrie et révèle des opportunités d’investir dans les bons domaines.

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