Les hausses de matières premières impactent sérieusement les équipementiers automobiles
Dépenses d’énergies, matières premières, coûts logistiques… les explosions de prix atteignent les équipementiers automobiles comme jamais. Et cette inflation sans précédent a de sérieuses répercussions sur toute la filière. Le premier exemple est le coût d’un véhicule électrique qui a pris 4500€ de plus en production par rapport à 2020.
C’est pourquoi les fournisseurs essaient maintenant de répercuter une partie de leurs augmentations de coûts sur les fabricants cependant contractuellement ils sont limités.
Ce qui sera plus cher pour les fabricants, sera plus cher pour les consommateurs finaux. C’est la spirale des prix qui n’en finit plus. Découvrons ensemble le réel impact chez les équipementiers automobiles en Europe.
Des négociations difficiles avec les constructeurs :
Les négociations avec les constructeurs sur fond de hausse des coûts des matières premières deviennent de plus en plus difficiles alors que les fournisseurs ne peuvent plus à eux seul supporter ces hausses.
Jean-François Le Bos ; président de la FIEV ; expliquait lors d’une réunion organisée par l’Association des Journalistes Techniques et Économiques (AJTE) : « Le problème le plus important auquel nous devons faire face reste la répercussion de la hausse des prix et la défense de nos intérêts vis-à-vis des pouvoirs publics. Sur le premier point, notre souhait est de mettre en place des systèmes d’indexation dans les contrats, qui généralement sont signés pour une période de 5 ans…« .
En effet, les constructeurs soucieux de leurs intérêts estiment que ce sont les fournisseurs qui doivent prendre en charge cette hausse des coûts, ce qui n’est pas viables pour les fournisseurs. Toutes ces hausses ne peuvent être assumées par une seule des parties et la FIEV joue le rôle d’intermédiaire surtout avec des constructeurs qui restent parfois intraitables dans ces discussions portant sur le cadre des négociations
Rappelons que les équipementiers pèsent entre 60 et 80 % du prix de fabrication d’un véhicule et qu’autrefois, les prix étaient garantis sur une certaine période, un an, deux ans, trois ans. Mais aujourd’hui, les variations peuvent se faire à la semaine.
Il ne faut pas oublier que chaque constructeur automobile a des contrats différents avec chaque fournisseur. A titre d’exemple, Volkswagen compte à lui seul près de 60 000 fournisseurs dans le monde. On peut imaginer que chaque contrat est conçu individuellement et la pagaille que cela engendre en matière de négociation et de répercussions de coûts.
Les équipementiers sont ainsi impactés et doivent réagir avec agilité car la facture s’annonce salée.
Les équipementiers fortement impactés :
Valeo, Plastic Omnium et Faurecia
Avec les hausses de prix et l’inflation, les comptes trimestriels de Valeo, Plastic Omnium et Faurecia reflètent la chute de l’activité en Europe en mars 2022 (https://www.wiwo.de/ ) à laquelle s’est ajoutée le conflit en Ukraine et les confinements chinois pour lutter contre le Covid-19.
En effet Plastic Omnium a vu son chiffre d’affaires baisser de -16,7 % et évoque le cas de la France avec des arrêts de production chez ses clients Stellantis et Renault dus en grande partie aux semi-conducteurs mais aussi les cas de l’Allemagne et de Europe de l’Est avec notamment des arrêts chez Volkswagen, Daimler et BMW. Cependant les bonnes performances dans d’autres régions comme l’Amérique du Nord lui permettent d’atteindre tout de même un chiffre d’affaires global de 2,1 milliards d’euros (-5,5 % sur un an).
De leur côté, Valeo et Faurecia s’en sortent un peu mieux avec une baisse de – 7 % sur leur chiffre d’affaires « première monte » dans la Zone Europe-Afrique, qui représente près de la moitié de leur activité.
Mahle, Continental et Schaeffler
De son côté, le patron de l’équipementier Mahle, Michael Frick, expliquait lors d’une conférence de presse donnée fin avril 2022 que les surcoûts liés aux matières premières et au fret représenteraient près de 300 millions d’euros.
En effet, pour Mahle, l’aluminium est l’une des matières premières les plus importantes utilisée dans les composants des moteurs et les systèmes de gestion thermique puisqu’à titre d’exemple, les ailettes de refroidissement du refroidisseur sont en aluminium. Au second semestre 2021, l’aluminium est devenu près de 80% » plus cher et les taux de fret ont doublé.
De son côté, Continental s’attend à une augmentation des coûts d’approvisionnement et de logistique d’environ 3,5 milliards d’euros sur l’année de 2022. Lors de l’assemblée générale du 29 avril dernier, Nikolai Setzer PDG de Continental expliquait : « Les coûts d’approvisionnement augmentent. Surtout pour les matières premières à base de pétrole (comme les pneus) mais aussi les coûts logistiques »
Pour Schaeffler, les fortes hausses de prix représentent l’un des défis majeurs auxquels le fournisseur a dû faire face depuis le second semestre 2021 avec notamment un prix de l’acier qui a doublé par rapport au premier semestre 2021.
Le coût d’une voiture électrique a pris 4500€ en plus à la production :
La fabrication d’un véhicule électrique a également augmenté puisqu’en mars 2022, le coût moyen de la matière première d’une voiture thermique américaine était d’environ 3 500 euros ce qui est le double du prix en comparaison avec le début d’année 2020 d’après les consultants d’AlixPartners.
Pour les véhicules électriques, l’impact est encore plus puisqu’en mars 2022, le coût des matières premières pour un véhicule électrique construit en Europe avait augmenté de l’équivalent d’environ 4500 euros par voiture représentant + 138 % par rapport à janvier 2020.
Les prix des matières premières ont augmenté jusqu’à 40% ces derniers mois, et dans certains cas comme le nickel c’est encore plus. Pour rappel, le nickel est un ingrédient clé des batteries Li-ion.
Au global, les coûts des matières premières pour une voiture électrique construite en Europe s’élèveraient désormais à près de 7 500 euros ce qui forcément met les équipementiers automobiles sous pressions.
Cas concrets
Volkswagen expliquait que les matières premières sont principalement achetées auprès des fournisseurs via leurs processus commerciaux et que les fournisseurs ont des contrats en cours ainsi la hausse des coûts des matières premières ne peuvent pas être entièrement répercutées sur les constructeurs automobiles.
Mais toujours lors d’une conférence de presse donnée fin avril 2022, Mahle expliquait que dans le passé, les clauses d’indexation des matériaux ne se signaient qu’avec des clients et des matières premières précises, identifiées et sélectionnées. Or les charges pesant sur Malhe en raison des coûts de l’énergie, des droits de douane, du fret spécial et du matériel ont dépassé le niveau des clauses d’indexation.
Le cabinet AlixPartners explique qu’actuellement ces clauses existent bien mais sont principalement pour les métaux et quasiment jamais pour les coûts liés à l’énergie ou la logistique.
Par exemple, c’est l’une des raisons pour lesquelles, le fournisseur Schaeffler a enregistré contractuellement la plupart de ses achats d’acier en partie liés à un indice permettant ainsi à l’entreprise en cas d’augmentation de l’indice de facturer davantage au client. Schaeffler a également mis en place même si ce n’est pas pour tous les contrats, des clauses d’ajustement des prix avec les clients.
Clauses d’ajustement sur l’énergie et la logistique :
Outre la hausse des matières premières, les hausses liées à la logistique, au fret et aux coûts énergétiques ajoute de la difficulté aux fournisseurs dans cette bataille des prix.
Il faut savoir qu’en général il n’y a pas de clauses d’ajustement liés à la logistique ou à l’énergie permettant de répercuter ces hausses, ce qui n’est pas normal quand on sait que pour le pétrole le prix à la pompe se répercute sur les consommateurs.
La hausse des coûts de l’énergie a un impact plus global puisque cela augmente non seulement le prix d’achat du matériau mais également des coûts de transport et de logistique et c’est le fret maritime mondial qui est le plus concerné.
En effet, le fret maritime a pris jusqu’à +300% notamment sur des itinéraires individuels ce qui a pour conséquence que certains fournisseurs réfléchissent à comment rapatrier leur matériaux en Europe et c’est le cas de Mahle qui achète la plupart de son matériel au niveau régional.
Des exemples
Bosch impacté certes par les coûts énergétiques plus élevés, mais surtout par les prix plus élevés du cuivre, de l’aluminium et de l’acier. Ainsi partout dans le monde, les équipes achat et logistique de Bosch travaillent avec fournisseurs et clients afin de trouver des solutions pour obtenir des prix compétitifs et maintenir les chaînes d’approvisionnement malgré les nombreux défis. La solution doit être gagnante-gagnante pour être viable d’où l’intérêt d’impliquer fournisseurs et clients.
D’après AlixPartners, les prix et donc les coûts par voiture ne reviendront probablement pas au niveau d’avant 2020 puisque les coûts augmentent également en raison de la nécessité d’une réglementation plus stricte sur le CO2 visant à en finir avec le thermique au profit de véhicules moins dépendants aux énergies fossiles.
Ainsi il est plus qu’important à l’heure actuelle que constructeurs et équipementiers automobiles travaillent ensemble en partenariat pour une juste répartition des charges afin d’essayer de sortir de cette situation difficile pénalisant tout le monde.
Les fournisseurs vont essayer de concevoir les prochains contrats différemment ce qui coûtera forcément plus cher, à cela s’ajoute le conflit en Ukraine pour lequel c’est toute la chaine d’approvisionnement qu’il va falloir revoir. Rapatrier ses fournisseurs sur des régions plus proches comme en EMEA représente un véritable enjeu stratégique mais également en matière de coûts. En effet, en fonction du lieu, cela pourra également se traduire par une hausse des salaires et donc de la main d’œuvre.
Si les constructeurs persistent à ne pas vouloir prendre en charge une partie de ces hausses, leurs fournisseurs risquent de se mettre en péril et donc à terme la production des véhicules.
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