Voitures électriques chinoises : un défi pour notre industrie
La Chine, leader mondial du marché des voitures électriques.
En Chine, les ventes automobiles des marques chinoises ont progressé de sept points en un an, d’après le cabinet d’étude LMC Automotive. Au premier semestre 2023, elles sont majoritaires comparées aux marques étrangères. Pourtant, après avoir longtemps dominé le marché automobile chinois, les marques étrangères sont en perte de vitesse. Leur influence a inexorablement diminué au cours des cinq dernières années.
Cette tendance survient en raison de l’essor des véhicules électriques. Ces derniers représentent désormais 22,7 % des immatriculations en Chine, contre seulement 15 % en Europe, d’après le CAAM. Les constructeurs chinois sont mieux positionnés sur ce segment que leurs rivaux européens, japonais ou américains.
En effet, autrefois moquée pour son manque d’originalité par rapport aux modèles occidentaux, l’automobile chinoise est désormais un incontournable sur le marché mondial. À présent, les marques chinoises sont en position de force en termes de coûts de production et de technologie des batteries des véhicules.
Un certain nombre de facteurs sont responsables de cette domination. On peut citer notamment :
- les investissements massifs dans la recherche et le développement technologique des batteries,
- la forte demande du marché intérieur chinois,
- les subventions gouvernementales accordées aux constructeurs automobiles chinois.
La montée en puissance des marques chinoises est également visible en Europe. D’après l’ACEA, en 2022, les ventes de voitures électriques chinoises en Europe ont représenté 11 % du marché, contre 7,5 % en 2021. Cette croissance de 3,5 points est due à la baisse des prix des voitures électriques chinoises. Elles sont désormais plus compétitives que les voitures électriques européennes et donc plus attractives pour les consommateurs. C’est une vraie source de préoccupation pour les constructeurs automobiles européens. Ces derniers craignent que les subventions publiques chinoises ne donnent à leurs homologues chinois un avantage concurrentiel injuste.
L’enquête européenne sur les subventions gouvernementales chinoise aux voitures électriques
Le 13 septembre 2023, l’Union européenne a ouvert une enquête sur les subventions publiques chinoises aux voitures électriques. L’enquête de l’UE se déroulera en deux phases. Durant la première phase, qui durera six mois, la Commission européenne examinera les données disponibles et recueillera des informations auprès des parties concernées. Durant la deuxième phase, qui durera trois mois, la Commission européenne rendra un avis sur la compatibilité des subventions chinoises avec les règles de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce).
Si l’enquête conclut que ces subventions sont illégales, l’Union européenne pourrait imposer des mesures compensatoires comme une augmentation des droits de douane sur les voitures électriques chinoises.
De son côté, le gouvernement chinois a réagi avec véhémence à cette enquête et a qualifié cette initiative de protectionnisme de la part de l’Union Européenne. Pékin affirme que ces subventions résultent d’investissements importants dans le secteur et qu’elles ne devraient pas être remises en question.
En Europe aussi, les avis sont mitigés sur la question des droits de douanes. Les constructeurs automobiles allemands sont plus réticents : ils craignent les réactions de la Chine. En effet, les constructeurs allemands réalisent une part importante de leurs ventes en Chine. Les constructeurs français, quant à eux, sont peu présents sur ce marché. Ainsi, la France a moins à perdre que l’Allemagne d’un relèvement des droits de douane.
Un défi pour l’industrie automobile européenne
Par ailleurs, si les voitures électriques chinoises deviennent trop chères pour les consommateurs européens, les constructeurs chinois devront probablement trouver d’autres solutions pour s’implanter sur le marché européen. Ils pourraient être contraints de construire des usines en Europe pour réduire leurs coûts et cela entraînerait une concurrence accrue sur le marché.
Au-delà de la question des subventions publiques, l’essor des voitures électriques chinoises pose également la question de la compétitivité de l’industrie automobile européenne.
Pour tenter de revenir dans la compétition, certains grands groupes occidentaux ont dû négocier des partenariats avec leurs concurrents chinois. Ces derniers sont désormais en position de force. Ils ont les technologies et les ressources nécessaires pour concurrencer les constructeurs étrangers. Et ils ne sont pas prêts à les partager à moindre coût. D’autre part, les constructeurs étrangers doivent aussi accepter de partager leurs propres technologies, ce qui représente un risque pour leur compétitivité à long terme.
En conclusion, les constructeurs automobiles européens doivent s’adapter à la concurrence chinoise. Pour rester compétitifs, ils seront sans doute amenés à revoir leurs stratégies. Ils devront notamment investir dans la R&D de technologies innovantes pour les batteries, les moteurs électriques ou les systèmes de conduite autonome.
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